La nuit je pleure

Publié le 17 Mars 2013

Quand je suis entrée dans mon neuvième mois de grossesse, j'ai été submergée d'une joie féroce. Ca y est! Dernière ligne droite, le Ptit Loup peut débarquer quand il veut maintenant! C'est dingue à quel point on respire mieux juste à l'idée de se dire "mon bébé ne sera pas prématuré".

Tout le monde me disait de me reposer, de profiter de ce dernier mois pour me faire chouchouter. Beaucoup m'ont dit "tu verras c'est long, t'en as vraiment marre à la fin".
Oui oui les copains, je vais me reposer, me faire dorloter!
Tu parles! J'ai eu un gros coup de speed! Le lit du Ptit Loup n'était toujours pas monté, normal il y a eu du retard dans la livraison (2 mois de retard quand même c'est pas rien), ma valise pour la maternité n'était qu'à moitié pleine, certains papiers importants toujours pas remplis, les faire-part de naissance même pas encore trouvés sans parler de toutes les adresses à récupérer...
Bref tout un tas de petites choses à faire avant le jour J.

Je me suis activée comme une dingue, j'ai rédigé des listes, harcelé le magasin pour savoir quand, enfin, nous aurions notre merveilleux lit, terminé ma valise, peaufiné le projet faire-part, harcelé l'Homme qui partage ma vie pour qu'il réunisse ses adresses (les miennes sont ok), rempli les papiers importants, fais du tri, du rangement, du ménage, nettoyer les vitres un jour où t'as l'impression que c'est le printemps tellement le soleil brille (pour que le lendemain il neige et que les flocons s'écrasent sur tes merveilleuses vitres).
On a enfin pu récupérer ce putain de lit et le monter dans la foulée, peaufiner la déco pour le bébé même s'il en aura strictement rien à foutre, s'extasier et enfin... Se poser.

Voilà. Tout est là.

Le matin j'ouvre les yeux sur le lit de mon fils, dans la salle de bain je souris devant les capes de bain, dans la cuisine je caresse le chauffe biberon qui trône à côté de la cafetière, quand j'enfile ma veste je trépigne devant celles du Ptit Loup qui sont juste trop mignonnes.

Tout est là. Je n'ai plus rien à faire à part me reposer.
Sauf que je ne peux pas.
J'arrive très bien à me caler dans le canapé devant un bon film, à lire un bon roman, à me faire une manucure, j'arrive très bien à me reposer comme ça.
Mais je suis épuisée. Je ne dors plus. Deux semaines que je ne dors quasiment plus.
La position horizontale m'est épouvantable. Je souffre. Mes nerfs sont comprimés et me lancent peu importe la position. Côté gauche ça va, deux minutes plus tard je dois me retourner, j'ai mal. Me retourner? La torture suprême, je gémis de douleur, ça craque dans mon bassin, ça tire, j'ai l'impression que ça va se déchirer. Et quand enfin je me retrouve du bon côté, je n'ai que cinq minutes pour en profiter avant de tenter de trouver une nouvelle position.

Ca fait deux semaines que ça dure, deux semaines que je cherche, en vain, LA position, celle qui me permettra de m'endormir.
Deux semaines que l'Homme qui partage ma vie me regarde avec des yeux emplis de pitié, me demande si j'ai besoin d'aide pour "rouler" sur le côté. Deux semaines qu'il m'embrasse le bout du nez en me disant "faut vraiment que tu te reposes".

Ca fait deux semaines que toutes les nuits, je pleure. Pas de douleur, non.
Je pleure de rage parce que je n'en peux plus tout simplement, de ne pas dormir, d'être fatiguée, bonne à rien.
Je pleure de peur parce que je ne peux m'empêcher de me dire que quand le Ptit Loup sera là je serai vraiment épuisée, que je ne serai pas capable d'assurer pour lui.
Je pleure de honte parce que je n'aime pas le regard de l'Homme que j'aime, je ne supporte pas cette bienveillance, cette inquiétude.

Deux semaines que je ne suis plus capable de rien.

Ah si je suis encore capable de me reposer! Cool! (ironie inside)

Rédigé par This Girl

Publié dans #A moi

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